Entropie et phénomènes irréversibles
Conclusion

C'est dans l'écriture des rendements et des efficacités des machines thermiques motrices et réceptrices que peut se comprendre l'enjeu des "Réflexions'' de Carnot en 1824. Il s'agissait alors d'améliorer les machines thermiques, éléments centraux de la révolution industrielle de son temps. Carnot comprit que les cycles de ces machines sont d'autant plus efficaces qu'en sont éliminés chocs et pertes mécaniques et thermiques. Le cycle idéal de Carnot constitué de deux isothermes (l'une à la température de la source chaude, l'autre à celle de la source froide) et de deux adiabatiques quasi-statiques est complètement réversible. A l'issue d'un cycle idéal, il est possible de le parcourir en sens inverse tout en ramenant l'Univers à son état initial.

On sait aujourd'hui que la pensée de Carnot avait progressé peu de temps avant sa disparition prématurée. Il avait lui-même remis en cause la théorie erronée du "calorique'' qui viciait ses "Réflexions''. La destruction presque totale de ses écrits après sa mort (par peur de la contagion du choléra) a laissé à d'autres, et principalement à Clausius, le soin de parachever l'édifice du second principe de la thermodynamique. L'invention de l'entropie a permis l'introduction en physique d'une nouvelle fonction, quantifiant l'irréversibilité des transformations macroscopiques, et d'un nouveau type de loi. Car à la différence du premier principe qui est une loi de conservation (de l'énergie), le second est une loi d'évolution, une loi tendancielle. Ce n'est sans doute pas tout à fait par hasard si Clausius aboutit à son énoncé de 1865 à peine six ans après la parution de l'ouvrage fondateur de Darwin, "L'Origine des espèces''. Le dépassement de la vison newtonienne d'un monde réversible et sans loi d'évolution est désormais accompli.

Jean-Luc GODET - Université d'Angers Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de ModificationRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)