Soit un gaz parfait pur, de volume molaire . D'après l'équation (47) :
Par intégration, il vient
où la fonction d'intégration dépend en partie de l'unité choisie pour exprimer la pression.
Cherchons maintenant à définir le potentiel chimique d'un gaz parfait dans un mélange de
gaz parfaits qui n'interagissent pas entre eux, un mélange « idéal »
.
Considérons dans un premier temps un système isolé de volume constitué de sous-systèmes cloisonnés de volumes . Dans chacun des sous-systèmes , moles du gaz pur sont à l'équilibre thermomécanique à la température et à la pression . Les gaz étant supposés parfaits, ils vérifient les relations
et possèdent tous un potentiel chimique de la forme
Dans un second temps, les cloisons disparaissent. Les gaz se mélangent et finissent tous par occuper le volume total . Le mélange étant idéal, les molécules d'un gaz parfait n'interagissent pas plus avec les molécules des autres gaz parfaits qu'elles n'interagissent entre elles. La température finale ne doit donc pas être différente de la température initiale (l'énergie interne de restant constante par ailleurs). La pression partielle de chacun des gaz du mélange à l'état final vérifie par conséquent :
De plus, si n désigne le nombre total de moles du mélange idéal, la loi du gaz parfait s'énonce sous la forme
En divisant chaque terme des équations (65) et (67) par le terme correspondant de l'équation (68), on obtient les égalités
où
désigne la « fraction molaire »
(ou « titre »
) du gaz
.
Si aucune variation d'énergie n'accompagne le mélange, il n'en est pas de même pour l'entropie. La différentielle de l'entropie molaire d'un gaz parfait est en effet donnée par
À l'issue du mélange isotherme, la variation d'entropie d'un gaz parfait est strictement positive (la fraction molaire étant plus petite que un) :
La variation positive d'entropie du système global s'exprime en conséquence par
Or, la variation d'enthalpie libre de se déduit directement de cette variation d'entropie. En effet, les fonctions , et restent constantes au cours du mélange et
Par suite, et c'est là le résultat naturel de l'évolution du système vers son état le plus probable, le potentiel thermodynamique a diminué au cours du mélange idéal des différents gaz parfaits du système :
Ainsi l'enthalpie libre à l'état final est-elle donnée par
La définition (64) du potentiel chimique du gaz parfait est reconduite pour le gaz parfait mélangé idéalement à d'autres gaz parfaits, à la condition expresse que la pression considérée dans cette définition soit la pression partielle du gaz étudié :
Conclusion
En définissant un potentiel chimique du gaz parfait dans l'état pur de référence
le potentiel chimique d'un gaz parfait d'un mélange idéal de gaz parfait peut être exprimé sous la forme
Attention :
Le potentiel chimique du gaz parfait d'un mélange idéal de gaz parfaits est souvent défini par rapport à une pression de référence . Dans ce cas, le potentiel de référence ne dépend que de la température
et le potentiel chimique prend la forme
Remarque :
La fonction d'intégration d'un gaz parfait est telle que sa dérivée vérifie :
La différentielle de l'entropie molaire d'un gaz parfait étant donnée par l'équation (70), celle de l'est par
et la fonction peut être calculée à partir de la double intégrale
dès lors que la loi de variation de la capacité thermique avec la température est connue. Il faut souligner qu'un tel calcul devient plus compliqué dans le cas de corps réels. En effet, ceux-ci subissent des transitions de phase et possèdent des capacités thermiques différentes dans chacun de leurs états.