Entropie et phénomènes irréversibles
Réversibilité des transformations quasi-statiques adiabatiques et isothermes

Pour toute transformation quasi-statique d'un système échangeant par chaleur avec le monde extérieur la quantité d'énergie , il est loisible d'exprimer la variation différentielle d'entropie de l'Univers i.e. la somme des variations d'entropie de et de :

Or, l'énergie perdue ou gagnée par chaleur par l'extérieur (la "source thermique'') est l'opposée de celle gagnée ou perdue par le système :

Par suite, la variation différentielle d'entropie de l'Univers peut s'écrire :

La réversibilité d'une transformation correspondant à une variation nulle de l'entropie de l'Univers, l'équation (61) montre que la réversibilité mécanique et thermique ne peut être atteinte que pour deux transformations différentielles quasi-statiques particulières :

  • lorsqu'il n'y a pas d'échange thermique ( )

  • lorsque l'échange thermique a lieu à la même température pour le système et pour le monde extérieur ( ).

Le résultat est identique si, au lieu d'une transformation différentielle, c'est une transformation intégrale qui est considérée. Celle-ci est réversible si elle est adiabatique quasi-statique ( en permanence et ) ou si l'échange thermique est tel que, tout au long du chemin suivi, le système et la source thermique restent à des températures égales de part et d'autre ( ). Dans le cas important où la source thermique est un thermostat, l'échange thermique est réversible ( ) si et seulement s'il est isotherme.

L'inéquation contenue dans (61) montre en outre que si la température du système est plus grande que celle de la source ( ) alors le transfert thermique doit se faire du système de référence vers la source ( ). Réciproquement, si elle est plus petite ( ) alors le transfert doit se faire vers le système ( ). Dans les deux cas, le plus chaud perd de l'énergie par chaleur au profit du plus froid. Le second principe est équivalent au postulat "l''essence de la chaleur [est de] passer des corps chauds aux corps froids'' utilisé par Clausius en 1850 pour démontrer le principe de Carnot.

En résumé

  1. un échange d'énergie par travail est mécaniquement réversible (quasi-statique) si la pression intérieure au système et la pression extérieure restent égales au cours de la transformation;

  2. une transformation quasi-statique purement mécanique (adiabatique) est thermiquement réversible, donc réversible;

  3. un échange quasi-statique d'énergie par chaleur est thermiquement réversible, donc réversible, si températures interne et externe au système restent égales au cours de la transformation;

  4. une transformation est réversible si elle est réversible mécaniquement et thermiquement; cela ne se produit qu'en l' absence de chocs et de discontinuités mécaniques ou thermiques.

Remarque

Une transformation adiabatique quasi-statique est nécessairement isentropique et ne modifie pas l'entropie de l'Univers. "Quasi-statique'' et "réversible'' sont ici rigoureusement équivalents. Cependant, si une adiabatique réversible est isentropique, une isentropique n'est pas obligatoirement adiabatique. Un système peut en effet revenir à son entropie initiale après variation de son entropie au cours de la transformation. Celle-ci est alors isentropique mais pas adiabatique quasi-statique.

Jean-Luc GODET - Université d'Angers Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de ModificationRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)